Comme toutes les légendes, celle de la moto MV Agusta pourrait débuter par « Il était une fois… ». Il était une fois un comte italien passionné d’aéronautique, qui créa une entreprise pour fabriquer des avions. D’accord, mais et la moto dans tout ça ? On y vient. C’est toute une histoire.
D’abord, et pour les néophytes complets, apprenez que la MV Agusta (MV pour Meccanica Verghera, la ville du Piémont dont elle est originaire) est une marque de motos italienne, qui fut créée en 1945 par Domenico Agusta. On ne parle pas de n’importe quelle moto ceci dit, mais de LA bécane qui fit merveille en compétition et remporta plus de courses et de trophées sur les circuits que la plupart de ses concurrentes. Sa naissance peut prêter à sourire puisque, effectivement, elle doit son existence au départ à un constructeur aéronautique.
En 1907, le comte Giovanni Agusta crée une usine pour fabriquer des avions dans son Piémont natal. La première guerre mondiale porte un coup fatal à l’entreprise, qui périclite graduellement. En 1927, lorsque Domenico Agusta hérite de la société après le décès de son père, la « Costruzioni Aeronautiche » est moribonde. Domenico a alors l’idée d’utiliser les machines et les chaînes de montage pour construire des petits moteurs économiques afin d’équiper des vélos. Des vélos aux motos, il n’y a qu’un pas et quelques cylindrées qui seront franchis quelques années plus tard, en 1945. Le 19 janvier, Domenico inaugure la Meccanica Verghera Agusta S.p.A., qui se spécialise dans la conception et la construction motocycliste. La première moto de la nouvelle marque MV est officiellement lancée à l’automne de la même année. Elle aurait dû s’appeler « Vespa », mais le nom était déjà pris ! Elle devient donc la « MV 98 », qui se forgera un palmarès glorieux dans les décennies suivantes.
Un moteur 5 chevaux, une fourche télescopique, un cadre plus court, une tenue de route impressionnante… Rien d’étonnant à ce que la MV Agusta, qui se déclinera en différents modèles, défraye la plupart des chroniques sportives. Sa ligne avant-gardiste plaide aussi en sa faveur, qui fait sensation sur les foires et les salons professionnels ; d’autant que les ingénieurs et les designers recrutés par la société italienne rivalisent d’idées pour améliorer sans cesse sa carrosserie et ses équipements.
La MV Agusta domine également la compétition motocycliste et rafle tous les prix jusque dans les années 70. Mais ses performances ne sauveront pas l’entreprise qui l’a vu naître de la faillite et la moto, pourtant devenue mythique, manque disparaître en 1980 ; pour mieux renaître de ses cendres 12 ans plus tard. En 1992 en effet, la marque est rachetée par Claudio Castiglioni et le groupe Cagiva. Les amateurs respirent, qui assistent au retour de la MV Agusta sur les routes et les circuits. Claudio Castiglioni et son fils Giovanni assurent brillamment la relève, en défendant les valeurs qui caractérisent cette moto légendaire : savoir-faire, innovation… Les futurs modèles qui sortent de leur usine, toujours fédérés sous l’étiquette de MV Agusta, bénéficient des matériaux et des technologies d’ingénierie les plus élaborées. Les ingénieurs et les mécaniciens assemblent encore à la main chaque moteur, avec la volonté affirmée de construire « les plus belles motos du monde ». Une résurrection triomphale, qui se perpétue aujourd’hui puisque, en 2022, la MV Agusta fait toujours figure de pionnière et reste synonyme de vitesse, d’esthétisme et de performance(s) ; une œuvre d’art dans l’univers du motocyclisme.
En 2022, la MV Agusta fait toujours figure de pionnière et reste synonyme de vitesse, d’esthétisme et de performance(s)
MV Agusta a été la marque fétiche d’un grand nombre de pilotes d’exception, comme l’italien Giacomo Agostini, le britannique John Norman Surtees (qui remporta son premier titre mondial dans la catégorie 500 cm3 au guidon d’une MV Agusta en 1956), Gary Hocking (le premier pilote officiel de la marque), Mike Hailwood (Mike the bike) et Phil Read (qui remporta le championnat du monde 500 cm3 en 1973 et 74).